PANA, 22 avril 2016 Le gouvernement burundais rejette en bloc des accusations onusiennes d’atteinte massive aux droits humains Bujumbura, Burundi - Le gouvernement burundais a rejeté en bloc, jeudi soir, les récentes accusations du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme portant sur une "forte augmentation du recours à la torture et aux mauvais traitements" imputables aux corps de défense et de sécurité qui ciblent en particulier des membres et officiers des anciennes forces armées burundaises issus de la minorité ethnique des Tusis, "y compris des soldats à la retraite".
C’est en partie le contenu d’un communiqué publié le 18 avril dernier par le haut-commissaire des Nations unies aux droits humains qui s’alarmait d’arrestations, de disparitions et d’assassinats parmi les membres des ex-Forces armées burundaises (ex-FAB). Depuis le début de cette année, le haut-commissariat chiffre à 345 nouveaux cas de torture, toutes catégories confondues de victimes, qui ont été recensés par ses services sur place au Burundi ; portant à près de 600, le nombre d’actes documentés en bientôt un an de crise liée à un conflit électoral mal résolu entre le pouvoir et l’opposition. Des chiffres "probablement en deçà de la réalité" pour le Haut-commissariat aux droits de l’homme qui s’inquiète encore de l’existence de lieux de détention secrets au Burundi. D’après la même source, des équipes de l’ONU ont visité certains lieux de détention et ont pu constater des « blessures encore fraîches, notamment des traces de brûlures, de coups de ceinture, de barres de fer ou encore d’objets pointus et dans la plupart des cas, les victimes se voient refuser l’accès aux soins ». Le Haut-commissariat y a vu "une volonté de cacher cette réalité, en enfermant les victimes plusieurs jours, le temps que leurs plaies cicatrisent" ; le tout "dans l’impunité totale" dont bénéficient les différents services de sécurité et les auteurs de ces actes. D’un autre côté, malgré les discours des autorités qui abondent dans le sens d’une "normalisation" de la situation, le Haut-commissariat aux droits de l’homme a recensé "pas moins de trente attaques dans la capitale, uniquement pour le mois de mars", de la part des opposants armés contre le pouvoir. Ce sont de "graves accusations sans fondement qui, visiblement, s’inscrivent dans une démarche divisionniste et dans la logique de déstabilisation du pays", répond un communiqué du gouvernement burundais, rendu public jeudi soir. Le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme n’en est pas à son premier accrochage avec le gouvernement burundais depuis le début de la crise politique dans le pays. Le communiqué officiel rappelle, notamment, qu’au cours de sa visite d’il y a presque un an au Burundi, le haut-commissaire aux droits humains, le Jordanien Zeid Ra’ad al Hussein, s’était montré "très pessimiste et tendancieux" sur la situation préélectorale du pays. Plus récemment encore, le même Haut-commissaire est accusé d’avoir publié une "déclaration incendiaire" alléguant qu’au Burundi, "le viol était utilisé comme arme de guerre et que des femmes étaient abusées par des policiers et des jeunes du parti au pouvoir qu’il qualifiait de milice, et ce, sur des bases ethniques". Là aussi, le communiqué conclut sur "une honteuse accusation qui n’avait d’autre visée que de raviver les démons des suspicions interethniques au Burundi". Le Haut-commissaire des Nations unies n’est pas le seul de la communauté internationale à se fâcher avec le pouvoir burundais chaque fois qu’il y a une remise en cause de la maîtrise de la situation sociopolitique du pays. Le week-end dernier, le premier vice-président de la République, en charge des questions politiques, sécuritaires et administratives, Gaston Sindimwo, avait sommé les diplomates étrangers dont les pays ont gelé les relations avec le Burundi de faire leurs bagages ou alors de chercher un nouveau statut de "touristes étrangers". L’Union européenne (UE) ainsi que les Etats-Unis d’Amérique ont gelé en tout en en partie leurs appuis directs au développement du Burundi faute d’une volonté politique manifeste de la part des protagonistes de la crise d’en sortir par le dialogue. |