@rib News, 25/08/2019 – Source AFP Plus d'un millier de personnes ont manifesté samedi dans les rues de Bujumbura pour "dénoncer le vol du patrimoine culturel du Burundi" par le Rwanda, accusé de s'être fait représenter dans un concours régional télévisé par un groupe jouant des fameux tambours royaux burundais.
Les autorités burundaises sont vent debout contre le Rwanda voisin depuis le début de la semaine, après avoir vu sur les réseaux sociaux un groupe de tambourinaires burundais réfugiés au Rwanda depuis le début de la crise burundaise en 2015, jouer du tambour dans le concours télévisé "East africa's got talent". Le président burundais, Pierre Nkurunziza, a signé en 2017 un décret présidentiel qui encadre très strictement l'usage des fameux tambours royaux du Burundi, inscrits au patrimoine immatériel de l'humanité par l'UNESCO en 2014. Un des articles prévoit que ce décret doit s'appliquer également au plan international, en interdisant de jouer du tambour burundais à l'étranger sans une autorisation de l'ambassade du Burundi dans ce pays. A l'appel du maire de Bujumbura, plus d'un millier de personnes, selon des journalistes locaux, sont descendues samedi dans les rues de la capitale économique pour exprimer leur mécontentement. En tête du cortège, des tambourinaires brandissaient une pancarte disant contester "avec énergie la manière dont le Rwanda a volé et utilisé les tambours burundais (...) en violation des lois burundaises et même internationales". Les producteurs de l'émission, qui a eu lieu en juin au Kenya, ont tenté de calmer les esprits en rappelant dans un communiqué que ce concours était ouvert aux "résidents du Kenya, de l'Ouganda, du Rwanda et de la Tanzanie" et qu'ils y participaient à titre "individuel". Ces derniers jours, de nombreux hauts responsables burundais s'en étaient pris au Rwanda, accusé d'être "le responsable de tous les maux de la région" ou de "piller la culture après avoir pillé l'or et le coltan congolais". Les relations entre les deux voisins de la région des Grands lacs sont au plus bas depuis le début de la crise au Burundi, déclenchée par l'annonce en avril 2015 de la candidature à un troisième mandat du président Nkurunziza. Il avait été réélu en juillet de la même année. Aucun officiel rwandais n'a voulu réagir jusqu'ici à ces accusations. Sur les réseaux sociaux, la polémique bat son plein entre les pourfendeurs de ce groupe de tambourinaires qui les qualifient de "traîtres", et leurs soutiens qui dénoncent "une politisation" d'un héritage culturel commun. |