CCFD-Terre Solidaire, 01.06.2023 Grâce à l’agroécologie, les populations du Lac Nagitamo au Burundi ont réussi à s’adapter aux impacts du dérèglement climatique et à accroître leur production alimentaire. Nous sommes au bord du Lac Nagitamo, dans le nord du Burundi. Avec fierté et à la force de leurs bras, des villageois de la colline Kigoma puisent l’eau nécessaire pour les besoins domestiques de leur village et abreuver le bétail.
Les collines verdoyantes à perte de vue contrastent avec leurs bidons jaune vif et leurs vélos recouverts par la terre ocre. Si les populations peuvent à nouveau se nourrir et s’approvisionner en une eau saine et de qualité, c’est grâce à une mobilisation collective et à l’instauration de pratiques agroécologiques pour lutter contre l’érosion des sols. Il y a encore quelques années, les pluies dans la région — devenues irrégulières, imprévisibles et violentes à cause du dérèglement climatique — provoquaient des torrents qui balayaient les collines fragiles et les plantations jusqu’au lac. À chaque intempérie, le lac Nagitamo dont dépendent les habitants des collines, devenait alors trouble et pollué. Les poissons ont commencé petit à petit à disparaître, fuyant vers des cours d’eau plus clairs. Une pêche devenue hasardeuse, des semailles balayées, une ressource en eau polluée : dans les cases, on ne mangeait parfois plus qu’un seul repas par jour. En 2016, face à l’insécurité alimentaire qui gagne du terrain, le CCFD-Terre Solidaire se mobilise avec son partenaire régional INADES-Formation. Ils accompagnent et forment les populations aux pratiques agroécologiques pour les aider à s’adapter aux bouleversements climatiques. Les habitants et habitantes plantent des ceintures d’arbustes en courbes de niveau pour fixer et nourrir les sols. Ils creusent des fossés pour évacuer de pluie. Puis, ils bouturent tout autour du lac, des umureras : une variété de plantes qui permet de protéger et de solidifier les berges grâce à ses épines. En l’espace d’une année, les habitants et habitantes ont aménagé plus de 200 km en courbes de niveau. Les résultats sont spectaculaires ! Grâce à des méthodes simples et respectueuses de l’environnement, l’érosion a été contenue, les plantations protégées et le lac assaini. Les rendements agricoles ont accru de 60% et le lac foisonne à nouveau de poissons. |