@rib News, 09/10/2011 Gatumba, encore ! Nécrose en prose. Gatumba. Encore ! Quel décor, quelle falaise accore ! Oh ! Gatumba des innocents, sur le champ de bataille D’apprentis politiciens en délire et en désaccord, Ceux-là même qui sapent la paix à l’épée et le raccord De nos cœurs encore déchirés et garnis d’entailles. Meurtriers ! Le Treize Août Deux mille quatre, Gatumba succomba, Le Dix-huit Septembre Deux mille onze, jour noirâtre, Gatumba flamba.
Je pleure, tu gémis, il beugle de chagrin, Tel des caprins. Nous crions, vous sanglotez, ils meuglent de rage, Face à ce chavirage, à cet orage. Quel naufrage ! Elle hurle de peine de toute haleine, Comme une baleine. Elles versent tant de larmes. Maudits vacarmes ! En cette instance, rigolez-vous de votre ouvrage, assassins ? Marcassins de mon Burundi, aux voyelles palatales, Vous de Cibitoke, de Bubanza, mes contrées natales, Tracassins de Muyinga, de Bujumbura Rural, Et vous de Gatumba ; dansez-vous la rumba en mocassins ? Êtes-vous fiers de ce forfait fulgural et conjectural ? Cavalez-vous dans les bois, comme un lièvre en fièvre, A l’abri du soleil levant, comme une chauve-souris ? Ou alors, jouez-vous les sapeurs-pompiers si mièvres Qui s’évaporent en embrun dans des commissions d’enquête, « Du déjà-vu » de ces lynx de la nuit qui cachent leurs bistouris Jusqu’à nouvelle requête ? Dites-le nous donc du haut de vos antres, En solo ou accompagnés de chantres. Allez-vous raconter cet exploit à votre descendance ? Chanterons-nous cette transcendance Ainsi que l’image de ces drapeaux et des sourcils en bernes Dans les anales des encyclopédies modernes ? Je me dis que le fonds de vos cœurs pleure autant, Lorsque vous prospectez des cachettes-couchettes, Ou dépiautez vos alibis en tressautant, Les mains et les manchettes sur des gâchettes. Merci ciel. Tous les morts se reposent en paix, Comme des hommes et des femmes dignes. « Baryamiye Ukuboko kw’ Abagabo», Et nous prions pour eux, sans mot dire, Nous souciant peu de leurs cartes de baptême. Vous portez lourd ce faix, Et vous mourrez peut-être dans une vigne, Sans lavabo, Et nous nous plions, pour vous maudire ! Nous préoccupant peu des chartes de vos barèmes. Recevez ici, ma colère en prose, Avant vos premiers signes d’arthrose. Régine Cirondeye Ottawa, Canada, Octobre 2011
Antes : repères, nids, cachettes. [14] Transcendance : exploit, excès de zèle. [15] Dépiauter : écorcher, éplucher, analyser minutieusement. [17] « Baryamiye ukuboko kw’abagabo » : Une expression en Kirundi. Sa traduction libre est « mourir dignement » [18] De leurs cartes de baptême : De qui ils sont, de leurs ethnies, de leurs appartenances politiques. |