RFI, 12 septembre 2012

Burundi : échec de la session extraordinaire du Parlement pour une nouvelle Céni

Le président Pierre Nkurunziza avait convoqué dans une session extraordinaire le Parlement les 10 et 11 septembre en vue d’adopter une nouvelle Commission électorale nationale indépendante, Céni, qui devait remplacer l’actuelle en fin de mandat. Pendant ces deux jours, le parti Cndd-FDD au pouvoir et qui domine le Parlement, a tenté d’imposer le président et le porte-parole de l’actuelle Céni, accusés par l’opposition d’être responsables du fiasco électoral de 2010, en vain.

Le Cndd-FDD n’a pas osé passer en force, même s’il en avait les moyens numériquement. Comme hier, les députés ont passé des heures devant l’hémicycle de Kigobe à Bujumbura sans savoir ce qui se passait exactement dans ses coulisses, où leurs leaders négociaient ferme.

En milieu d’après-midi, le président du parti au pouvoir a convoqué la presse et s’en est pris à l’Uprona, le principal parti issu de la minorité tutsie, accusé de bloquer l’adoption de la nouvelle commission électorale à l’Assemblée nationale.

Pascal Nyabenda est allé jusqu’à menacer de revoir certains articles de la Constitution, qui lui seraient peu favorables : « La population a donné le mandat au parti Cndd-FDD pour diriger ce pays, entièrement. Il n’y a pas moyen qu’on puisse être bloqué par une disposition ou une autre, pour pouvoir mettre en place le programme du parti qui a gagné ».

Mais le parti Uprona a tenu bon et en début de soirée, le président de l’Assemblée nationale du Burundi a organisé une plénière qui n’a duré que cinq minutes, juste le temps d’annoncer la fin de la session extraordinaire du Parlement burundais et la poursuite des négociations en vue de parvenir cette fois, à un véritable consensus sur la composition de la nouvelle commission électorale qui va organiser les élections de 2015 au Burundi.

Les députés de l’Uprona avaient un large sourire aux lèvres en sortant de l’hémicycle hier soir, mais le président de leur groupe a eu le triomphe modeste. Charles Nditije a déclaré :

« C’est le moindre mal, c’est la sagesse qui a prévalu. Nous espérons que nous y arriverons la prochaine fois ».