@rib News, 30/03/2013 – Source Reuters La Cour suprême a validé samedi l'élection de Uhuru Kenyatta à la tête du Kenya malgré son inculpation par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité. Elle a ainsi rejeté à l'unanimité de ses six juges le pourvoi déposé par le rival malheureux de Kenyatta, Raila Odinga, qui affirmait que le scrutin du 4 mars avait été entaché d'irrégularités. Cet arrêt, annoncé par le président de cette juridiction, Willy Mutunga, lors d'une audience publique retransmise à la télévision, va permettre au fils du "père de l'indépendance" de cette ancienne colonie britannique d'Afrique de l'Est d'entrer à State House, résidence officielle des chefs d'Etat.
Il pose toutefois un casse-tête de taille pour les pays étrangers, qui vont devoir traiter avec un président élu poursuivi par la CPI pour son rôle dans les violences post-électorales de 2007 qui firent plus de 1.200 morts. Le chef de l'Etat sortant, le président Mwai Kibaki, avait lancé un appel au calme avant la décision de la Cour suprême, ce qui n'a pas empêché quelques centaines de jeunes partisans de Raila Odinga de lancer des pierres sur la police à Kisumu, dans l'ouest du pays dont est originaire le Premier ministre sortant, d'ethnie luo. "Pas de Raila, pas de paix !", scandaient les jeunes gens, qui ont été dispersés par les forces de l'ordre qui ont fait usage de grenades lacrymogènes. Le vaincu, beau joueur, a rapidement a accepté le verdict de la Cour en déclarant qu'il la respecterait dans son intégralité et en souhaitant bonne chance à Uhuru Kenyatta, issu de l'ethnie kikuyu, la plus nombreuse dans le "patchwork" tribal qu'est le Kenya. CONTACTS LIMITÉS "La Cour s'est désormais exprimée. Je forme des vœux de succès au président élu, Uhuru Kenyatta, et à son équipe", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Dans une allocution télévisée, Kenyatta a remercié Odinga pour ses voeux. "Je veux affirmer aux Kenyans que mon gouvernement travaillera avec tous les Kenyans et les servira tous sans discrimination d'aucune sorte", a-t-il ajouté. Après la décision de la Cour suprême, les partisans du nouveau président sont descendus dans les rues malgré la pluie et actionné l'avertisseur de leurs voitures pour fêter la victoire définitive de leur candidat. Au terme de près de trois semaines de délibérations, la plus haute juridiction du pays a estimé que le scrutin s'était déroulé de manière libre, équitable et crédible, conformément à la Constitution, a précisé le président de la Cour. De nombreux Kenyans de base affirmaient qu'ils ne toléreraient pas une réédition des violences à caractère ethnique qui ensanglantèrent le scrutin de 2007 et faillirent faire basculer la première économie d'Afrique de l'Est dans une guerre civile généralisée. Samedi, les abords de la Cour suprême étaient gardés à Nairobi par un important cordon de forces de l'ordre, y compris des policiers à cheval. Le directeur de la police, David Kimaiyo, avait fait savoir qu'aucun rassemblement public ne serait autorisé. Uhuru Kenyatta, un ancien ministre des Finances, avait largement distancé son rival avec 50,7% des voix contre 43,28% à Raila Odinga. Mais c'est avec moins de 8.000 voix qu'il a réussi à franchir le seuil des 50% nécessaire pour l'emporter dès le premier tour. Le président élu, qui nie énergiquement les charges retenues contre lui, a promis de coopérer avec la CPI pour faire la preuve de son innocence. Les pays occidentaux, qui considèrent que le Kenya joue un rôle clé dans cette partie de l'Afrique, ont pour politique de limiter à l'essentiel leurs contacts avec des personnalités poursuivies par le tribunal de La Haye. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a cependant adressé un message de félicitations au nouveau président, en se félicitant de son engagement à remplir les obligations internationales de son pays. |